ALEXANDRE

Publié le par Laurent Derudder

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Sortie :
05 janvier 2005 - 11/24/2004 (usa)
Tournage :
Novembre 2003
Titre FR :
Alexandre
Genre :
Peplum / Drame / Historique
Direction :
Oliver Stone
Scénario :
Christopher Kyle et Oliver Stone.
Musique :
Production :

Thomas Schühly, Iain Smith, Moritz Borman, Jon Kilik et Oliver Stone.

Costumes :
Jenny Beavan
Budget :
$180 million
Cie :
Warner Bros et Pathé Distribution (France)
Piste Son :
Dolby digital, DTS.
Durée :

02 H 53

Avec :
Colin Farrell [Alexandre le Grand], Angelina Jolie [Olympia], Val Kilmer [Roi Philippe], James Holzier, Rosario Dawson [Roxanne], Sir Anthony Hopkins [Ptolemy], Jonathan Rhys-Meyers et Christopher Plummer
Narrée par Ptolémée, l'un de ses plus fidèles généraux, la vie d'Alexandre le Grand. Idéaliste, brillant chef militaire, il s'est débattu entre deux parents aux caractères dominateurs, avant de succèder à son père et réaliser ses rêves, devenant à 32 ans le fondateur d'un des plus puissants empires de l'histoire de la Grèce.
 
MON AVIS SUR LE FILM
 
Totalement décevant, ce film est long, très long, beaucoup de blabla.
J'ai souvent regardé l'heure pendant la séance, tellement je m'ennuyais.
Colin Farrell (Alexandre) n'est pas fait pour ce role, en plus la perruque blonde n'arrange pas les choses, on n'y croit pas un instant, la crédibilité du personnage en est complètement bouleversé.
Les scènes de combat sont embrouillées, on ne s'y retrouve pas, mais qui est qui dans ce merdier??
Angélina Jolie joue le rôle de la mère d'Alexandre, je me demande a quel age elle l'a mise au monde, vu que les acteurs ont a peu près le même âge.
Je cote ce film : 3/10
 
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ALEXANDRE LE GRAND
 
(356-323 av. J.-C.)

roi de Macédoine (336-323 av. J.-C.), conquérant de l'Empire perse et l'un des plus grands chefs militaires du monde. Né à Pella, capitale de la Macédoine antique, Alexandre était le fils de Philippe II, roi de Macédoine, et d'Olympias, une princesse d'Épire.

Comme Christophe Colomb, Alexandre a changé le cours de l'histoire. Avec lui la póliv meurt, l'État moderne apparaît. Il a créé l'idée impériale, fondé une monarchie où il a diffusé la culture hellénique.

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Tout en Alexandre "portait la marque du héros". Son origine était divine par sa mère Olympias, vouée aux rites orphiques et dionysiaques, il descendait d'Achille, fils de Zeus, et par son père, Philippe II, il se rattachait à Héraklès, également fils de Zeus. Il y a en lui du Barbare: il tient de sa cruelle mère qui fit régner la terreur à la cour de Pella, un tempérament passionné. Il se laisse emporter par de terribles colères (il tuera son ami Clitus, fera exécuter son vieux général Parménion).

Des sentiments violents l'agitent. Il aime les fêtes excessives, les banquets et les beuveries. Ses convictions religieuses sont entachées de superstition. Mais il possède une volonté de fer: ses accès de passion et ses colères sont suivis de prompts repentirs. Il peut se montrer cruel et injuste, mais son cur est généreux, capable de tendresse: le Roman d'Alexandre le Grand répandra dans le monde entier l'image d'un chevalier modèle, exemple des plus hautes vertus.

Il est vrai qu'Alexandre est aussi un Grec. Il a reçu, à l'âge de treize ans, un précepteur illustre, Aristote, qui lui a enseigné non seulement son savoir encyclopédique (il connaît l'Iliade et les tragiques par cur, la médecine et les sciences naturelles aussi bien que les mathématiques et l'histoire), mais aussi l'exercice de la volonté et la domination de soi, en un mot la sagesse. Le rayonnement et la puissance de séduction d'Alexandre tiennent, sans nul doute, à l'union intime en lui de ces traits contradictoires: Grec et Barbare, mystique et réaliste, rêveur et positif, il est emporté par son imagination et guidé par sa raison.

L'irrationnel et le mystère l'attirent, mais sa lucidité trace la route à suivre. En lui la plus claire réflexion se double d'une souplesse d'opportuniste. Très tôt, Philippe a dressé Alexandre à son métier de roi. Tandis qu'il fait campagne contre Byzance, il lui confie, à seize ans, la régence de la Macédoine; il lui donne à dix-huit ans la responsabilité de la victoire de Chéronée, sur Thèbes et Athènes unies, en lui remettant le commandement de la cavalerie qui enfoncera le bataillon sacré.

À vingt ans, il succède à son père, tué par un de ses officiers et donne toute sa mesure. Il brûle sur un même bûcher l'assassin officiel de sa victime, et tue les concurrents au trône de Macédoine. Après avoir assuré la sécurité de ses frontières au nord par une campagne éclair sur le Danube, il soumet les Triballes en Bulgarie (335), puis les Gètes. Les Illyriens et les Taulantins reconnaissent son autorité, et les Celtes lui dépêchent des ambassadeurs, en lui accordant leur alliance.

Le "petit jeune homme de Pella" impose sa loi à la Grèce, rase Thèbes au son des flûtes, épargnant toutefois la maison de Pindare et les temples des dieux. Déférant aux conseils de Phocion, il fait grâce aux Athéniens. Nous sommes en automne 335, et au printemps de 334, tout est prêt pour la grande expédition d'Asie. Alexandre imposera sa loi: la ligue de Corinthe le nomme en 325 hêgemôn à vie et stratège autocrate contre la Perse. C'est l'Iliade qui recommence, la revanche des guerres médiques: en réponse à Xerxès, Alexandre jette une coupe d'or dans l'Hellespont.

L'épopée

Réalisation du programme panhellénique

Au printemps de 334, Alexandre passe l'Hellespont et se lance sur les traces d'Achille: il débarque à Ilion, où il honore son héros. Il fiche son javelot en terre - il est venu en conquérant -, voue son armure à Athéna, emporte le bouclier sacré. Puis il rejoint son lieutenant Parménion pour marcher contre les Perses. L'armée perse est nombreuse: 120 000 soldats et 20 000 mercenaires contre les 35 000 hommes environ dont dispose Alexandre. Mais les chefs sont divisés: Memnon préconise la tactique du vide; Darius III préfère livrer à Alexandre une bataille rangée.

Elle a eu lieu sur le Granique, au printemps de 334, et Alexandre remporte sa première victoire en Asie. Il occupe la côte, rétablit dans toutes les villes grecques la démocratie, et supprime le tribut. Autour des villes, les territoires demeurent des satrapies, mais gouvernées par des Macédoniens. Alexandre n'annexe pas ses conquêtes, il les organise selon une forme originale, que les circonstances lui inspirent. Faute d'argent, il renvoie sa flotte. L'habile Memnon, toutefois, ne parvient pas à l'arrêter, malgré la résistance de Milet et d'Halicarnasse. Alexandre a libéré les villes du Sud lorsque la mort de Memnon le débarrasse d'un redoutable adversaire. Il peut alors remonter vers le nord, rejoindre Parménion en Phrygie.

À Gordion, il tranche d'un coup d'épée le nud gordien, geste qui lui promet la possession du monde. Ancyre est prise, puis Tarse (333). Halicarnasse succombe; la Carie est rendue à la vieille princesse Ada, qui adopte Alexandre; un stratège macédonien l'assistera. Toutes les satrapies orientales seront organisées sur ce type: pouvoirs civils à des Perses fidèles, pouvoirs militaires à des Macédoniens. Alexandre soumet la Cilicie et fait célébrer de grands jeux de type hellénique, à Soloï. Un an suffit à Alexandre pour libérer les villes grecques et conquérir l'Asie antérieure.

Imposant le lieu de la bataille une nouvelle fois, à Issos, Alexandre affronte le Grand Roi. La fuite de Darius lui donne la victoire. Les portes de la Syrie sont ouvertes et les Perses seront privés désormais de l'appui des villes phéniciennes (automne de 333). Les ambitions d'Alexandre augmentent; un champ d'action immense s'ouvre à sa volonté de puissance. Contre l'avis de Parménion, il rejette les propositions de Darius. Il est vainqueur: à lui de commander à l'Asie.

Conquête du royaume achéménide: d'Issos à Ecbatane (333-330)

Au lieu de poursuivre Darius, Alexandre décide d'occuper la côte syrienne pour neutraliser la flotte perse. Après un siège de sept mois (janvier-août 332), il s'empare de Tyr - où 8 000 Tyriens sont massacrés et 30 000 vendus comme esclaves - puis de Gaza, et marche sur l'Égypte. L'occupation de l'Égypte répondait à une nécessité stratégique; une Égypte perse pouvait appuyer les Grecs, qu'entraînait dans une nouvelle révolte le roi de Sparte, Agis (331). Alexandre est accueilli en Égypte comme un libérateur: sa tolérance religieuse lui vaut la sympathie de tous. À Memphis, il est peut-être intronisé roi-pharaon dans le temple de Ptah.

En 331, il se rend, à travers le désert, à l'oasis de Siwah, pour demander à Ammon, assimilé à Zeus par les Grecs, une confirmation de son pouvoir. Il entre seul dans le temple comme "Fils d'Ammon", et obtient l'approbation du dieu. Le 20 janvier, il a décidé la fondation de sa première colonie grecque, Alexandrie, destinée au plus brillant avenir. Il organise une expédition scientifique, chargée d'étudier la crue du Nil, et divise l'Égypte en quatre districts: Haute- et Basse-Égypte, Libye et Arabie; à leur tête, des gouverneurs perses et deux stratèges macédoniens. Il place des garnisons à Péluse et à Memphis: les finances sont centralisées entre les mains de Cléomène, un Grec de Naucratis, qui absorbera peu à peu tous les pouvoirs.

Après avoir reconstitué sa flotte et assuré ses liaisons avec l'Europe, Alexandre quitte l'Égypte pour la Phénicie. À Tyr, Alexandre crée deux fonctionnaires financiers, un pour l'Asie Mineure à l'ouest du Taurus, un autre pour la Cilicie, la Phénicie et la Syrie, ainsi regroupées. Maître de la mer et sûr de toutes les côtes, il peut affronter le Grand Roi. Dans l'été de 331, il franchit l'Euphrate, puis le Tigre. Darius, à Babylone, a constitué une armée puissante, dotée de chars équipés de faux, et pourvue d'éléphants. Payant de sa personne, Alexandre force la victoire à Gaugamèles (331). Comme à Issos, Darius s'enfuit, Alexandre le poursuit en vain. Il entre à Babylone et prend le titre de roi de l'Asie. Il devient, en même temps, le maître en Grèce; intervenant dans les affaires intérieures des cités, il décrète l'abolition des tyrannies et détache ainsi les Grecs de Sparte.

Le destin d'Alexandre se transforme alors. Avec Babylone, il tient une des capitales de l'Empire achéménide. Il se hâte de prendre possession des autres. En novembre, il occupe Suse, où il s'empare du trésor de Darius (40 000 talents). Il entre ensuite à Persépolis dont il fait incendier les magnifiques palais comme autrefois Xerxès à Athènes. En janvier 330, il prend Pasargades, la capitale de Cyrus, dont il fait restaurer le tombeau. Au printemps, il marche sur Ecbatane, où s'est enfermé Darius: le Grand Roi s'enfuit et Alexandre occupe, sans coup férir, la dernière capitale du royaume perse. C'est la fin de la croisade grecque: Alexandre renvoie chez eux les cavaliers thessaliens et les troupes grecques de la Ligue. Une page est tournée; une nouvelle épopée commence.

Conquête de l'Iran

L'existence de Darius, prisonnier de deux satrapes entreprenants, Bessus et Narbazane, menace Alexandre. Il se lance à leur poursuite en juillet 330, à travers les montagnes iraniennes, en une folle chevauchée, par marches forcées, de jour et de nuit. Les satrapes fuient après avoir assassiné Darius. Alexandre, qui se considère comme son héritier légitime, jure de le venger et lui fait rendre les honneurs royaux.

Darius mort, Alexandre est seul maître de l'Asie: pourquoi continuer une guerre lointaine et pénible? Les soldats aspirent au retour. Ils désapprouvent sa politique nouvelle, l'adoption du costume d'apparat des rois perses, la pratique de certaines cérémonies, l'incorporation de soldats orientaux dans l'armée. Cependant, Alexandre persuade ses troupes: Narbazane s'est rendu, mais Bessus a pris le titre de Grand Roi et le nom d'Artaxerxès.

En juillet 330, Alexandre est en Hyrcanie: pendant trois ans, dans un Iran hostile et farouchement attaché à son indépendance, il livrera ses plus âpres combats. Harcelé par les coups de main de l'adversaire, il allège son armée, divise la phalange en sections, incorpore des cavaliers sogdiens et perses, crée de nouvelles unités, les hipparchies, et les répartit en colonnes mobiles, prêtes à la riposte. En même temps, il assure ses conquêtes: il soumet l'Arie, y fonde de nombreuses villes, dont plusieurs Alexandries, installant une élite grecque en ces pays quasi sauvages.

À l'automne de 330 éclate en Drangiane le complot de Philotas, fils de Parménion: le coupable est jugé par l'armée et mis à mort. Alexandre, dont le caractère s'est durci, permet l'exécution de Parménion. D'Arachosie, où il fonde Alexandrie d'Arachosie, puis Alexandrie du Caucase, il gagne, au printemps de 329, la Bactriane où il s'empare de Bessus, puis la Sogdiane et le pays de Cyrus, qu'il venge en faisant massacrer la population. Il arrive à Maracanda (Samarkand), décide la fondation d'Alexandrie Eskhatê (Extrême) sur le Syr-Daria, pour garder la frontière et faire respecter ses conquêtes par les Barbares. Il a atteint les Bornes de Bacchus, les limites septentrionales de l'Oikouménè. Mais le pays reste à pacifier.

L'hiver de 329-328 est consacré à réprimer durement une série de soulèvements organisés par Spitamène en Bactriane et en Sogdiane. Spitamène, enfin, est assassiné par les Massagètes (fin 328). Avec la chute de la forteresse de l'Aornos, défendue par Oxyarte, l'Iran est tout entier soumis. Maître des Perses et des Iraniens, Alexandre inaugure sa politique de fusion; il épouse la fille d'Oxyarte, Roxane, selon le rite iranien, et incorpore des Orientaux dans son armée. Ses soldats ne le comprennent plus et refusent d'accepter sa nouvelle politique. Plusieurs complots éclatent.

En 328, Alexandre, pris de boisson, avait tué de sa propre main Clitus, qui l'avait sauvé au passage du Granique, parce que celui-ci blâmait son orgueil. En 327, l'opposition la plus violente se manifeste à propos de la prosternation (proskunêsis ) imposée par Alexandre à tous ceux qui approchent le roi. Calisthène, historiographe et neveu d'Aristote, symbole de la résistance macédonienne et grecque à la politique du roi, refuse de se prosterner. Dans cette atmosphère de malaise, le complot des Pages est découvert: il permet à Alexandre de faire exécuter Callisthène, et de briser toute résistance.

Alexandre dans l'Inde (327-325)

L'Inde a fait partie de l'Empire des Achéménides: Alexandre se doit donc de la conquérir. Fasciné par l'inconnu, il compte ainsi gagner la mer qui, croit-il, limite la terre vers l'est. L'Inde ne forme pas alors cette monarchie unique, voulue plus tard par Chandragoupta (qui s'inspirait d'Alexandre), mais un ensemble de royaumes d'importances diverses.

La campagne d'Alexandre met en contact deux des plus grands humanismes de l'Antiquité, l'humanisme grec et l'humanisme indien. Ainsi, l'hellénisme pénètre au cur de l'Asie, et l'influence de l'art grec sur la sculpture indienne sera déterminante. Après avoir préparé diplomatiquement sa campagne en nouant des relations avec les roitelets, Alexandre prend la tête d'une armée de 120 000 personnes, dont 60 000 femmes et enfants.

Gardant pour lui la tâche la plus dure, il conquiert la région montagneuse septentrionale, et l'érige en satrapie. Puis avec Héphaistion, qui a franchi l'Indus, il s'empare du royaume de Taxila. Dans l'été de 326, une terrible bataille l'oppose au puissant roi Porus, et à ses éléphants: la victoire lui livre tout le Pendjab. Alexandre hellénise le pays en créant les deux colonies grecques de Nicée et Bucéphalie.

Aux bord de l'Hyphase, pour la première fois, il entend parler du Gange: il décide d'aller de l'avant, mais les soldats, terrassés par les pluies incessantes et la dureté des combats, s'opposent à de nouvelles conquêtes. Ulcéré, Alexandre s'incline. Comme son ancêtre Héraklès, il fait dresser douze autels consacrés aux Olympiens, autour d'une colonne portant l'inscription: "Ici s'est arrêté Alexandre."

Le retour; périple de Néarque

On reviendra par terre et par mer. Alexandre constitue une flotte de 800 bâtiments et la confie à Néarque. En novembre 326, l'armée descend l'Indus. De la proue de son navire, Alexandre offre des libations aux dieux des eaux, tandis qu'il renonce à son grand rêve oriental. Sur la rive droite Cratère, sur la rive gauche Héphestion l'escortent.

En juillet 325, il est à Pattala. Il divise le pays ainsi conquis, du Cachemire à la mer, en deux gouvernements (Gandhara et Sind), fonde deux nouvelles Alexandries, fait explorer le delta, étudier la flore, la faune, le sous-sol, dresser des cartes. Cratère est alors chargé de ramener une partie des troupes par la passe de Bolan. Néarque rentrera par mer en longeant la côte. Arrien, fidèle au journal de Néarque, nous raconte les passionnantes aventures des marins ahuris et effrayés par les baleines et les peuples ichtyophages.

Alexandre s'est réservé l'itinéraire le plus pénible: il traverse le désert de Grédosie de nuit, fuyant la chaleur torride et la pénurie d'eau. En décembre 325, il arrive en Carmanie, lieu du rendez-vous. Il est rejoint par Cratère. Dans l'angoisse il attend Néarque: sans nouvelles, il le croit perdu. Enfin, l'amiral est aperçu à Hormouz; Alexandre accourt et pleure de joie: ses marins sont bien vivants et sa flotte intacte. Des bacchanales de sept jours et de grands jeux célèbrent leur remarquable exploit.

À Suse, en février 324, Alexandre édicte des mesures politiques capitales:
- Fusion des peuples macédoniens et perses par des mariages massifs, pour fonder l'unité de son royaume sur une égalité naturelle. Dix mille soldats et officiers, richement dotés par le roi, épousent des femmes perses. Alexandre s'unit à Statira, fille de Darius, Héphaistion à la sur de celle-ci.
- Fusion des armes: la cavalerie perse est réunie à la cavalerie macédonienne. Des nobles perses, les Épigones, entrent dans la garde royale, réservée jusqu'alors aux jeunes nobles macédoniens.
- Connaissant la fragilité de son Empire, Alexandre veut lui donner des bases sacrées: il exige d'être considéré et honoré par tous ses sujets comme un dieu. Pour les Orientaux, cette volonté ne pose pas de problèmes. Les Grecs délibèrent, et, résignés, répondent: "Si Alexandre veut être dieu, qu'il le soit!"
- L'édit sur les bannis rétablit les exilés dans leurs biens sur tout le territoire de la Ligue: il vise à faire régner la concorde générale, en ruinant les tentatives d'Harpale et le particularisme des cités.

Le discours d'Opis

Prononcé solennellement, ce discours résume la pensée politique d'Alexandre. Il scelle d'abord la réconciliation définitive du monarque et de son armée: une mutinerie avait entraîné l'exécution de treize meneurs. Touché par les pleurs des suppliants, Alexandre, qui avait accordé sa préférence aux Perses, décerne à tous ses soldats le titre de "Parents".

Au cours d'un banquet de 8 000 personnes, il prononce un discours que les historiens interprètent différemment, selon les sources qu'ils retiennent. On peut affirmer toutefois qu'Alexandre y exprime avec clarté le vu de concorde entre tous les peuples de l'Empire "dans une communauté de pouvoir". Il a dépassé le conseil d'Aristote: "Gouverner les Grecs en hêgemôn, les Perses en despote." Il considère les uns et les autres comme des égaux.


Derniers actes; mort d'Alexandre

D'Ecbatane, en hiver 324, Alexandre organise l'exploration de l'Arabie et celle de la Caspienne. Selon Diodore et les Hypomnemata , conservés par Eumène, Alexandre avait conçu des projets plus vastes encore, la conquête de l'Afrique et de l'Espagne.

En novembre, la mort d'Héphestion l'atteint profondément: il reste plusieurs jours couché près du cadavre, sans prendre de nourriture. Enfin, il lui accorde les honneurs funèbres dus à un héros. Lui-même souffre d'un grand épuisement. Cependant, il se reprend une fois encore grâce à son énergie.

De Babylone, où il rentre en février 323, il entreprend de grands travaux, reçoit des ambassadeurs venus de fort loin: de Carthage, d'Italie, de Gaule, peut-être de Rome. Continuant son uvre de colonisateur, il fonde des villes, futurs centres commerciaux, telle Alexandrie Charax près de l'embouchure du Tigre. Frappé par la malaria, il est emporté en douze jours. Il meurt le 13 juin 323, à l'âge de trente-trois ans.

L'uvre d'Alexandre et l'unification de l'Empire

Abandonnons à sa légende le "nouvel Achille", le "précurseur du Christ", mort sans avoir connu la défaite, et tentons de juger son uvre en nous souvenant qu'elle fut inachevée. Écoutons Plutarque: "Il a réuni en un corps unique les éléments les plus divers [...]. Il crut qu'il était envoyé de Dieu, avec la mission d'organiser tout, de modifier tout dans l'univers [...]. Il voulait assujettir à une seule forme de gouvernement l'univers tout entier..." Croyance à sa mission divine, unification de l'Empire: Plutarque dit vrai. En treize ans, on est passé de l'État d'Aristote à celui de Zénon. Le plus vaste des empires antiques a été constitué. Il n'est pas méditerranéen, il est européen et asiatique, Babylone en est la capitale. Rome n'aura qu'à reprendre la route tracée.

Le pouvoir monarchique

L'Empire comprenait des États disparates: Macédoine, Grèce, Égypte, Phénicie, Syrie, Palestine, Irak, Perse, Afghanistan, Inde; Alexandre les a unifiés en sa personne. Tous les pouvoirs d'origine diverse dont il était détenteur, par héritage ou par droit de conquête, sont réunis entre les mains d'un seul, le souverain, monarque absolu et de droit divin.

La juxtaposition de ses États se retrouve dans la juxtaposition des pouvoirs d'Alexandre. Roi de Macédoine, il est à la fois l'élu et le chef de l'armée. Il exerce dans ce pays un pouvoir patriarcal. Son gouvernement a une allure militaire et féodale: l'armée en effet se réunit en Assemblée; elle assiste également le roi dans les fonctions judiciaires (elle a jugé les conjurés à Gaugamèles, à Opis). Alexandre place les Macédoniens aux postes de responsabilité; ils fournissent les satrapes et les généraux. Dans les villes, à Alexandrie par exemple, ils jouissent d'une situation privilégiée, les Grecs passant au second plan.

Hêgemôn de la Ligue, chef de la croisade des Grecs contre la Perse, et vengeur de Cyrus, Alexandre s'est toujours considéré comme le maître de la Grèce. Il a accentué peu à peu sa mainmise sur le pays, en y imposant les gouvernements de son choix, et en intervenant à plusieurs reprises dans les affaires intérieures des cités (notamment en 324). Il a voulu résoudre, après Xénophon et Isocrate, le grave problème que posait l'existence du prolétariat grec, conséquence de l'appauvrissement du peuple et de la concentration des richesses, en créant en Asie des colonies destinées à fixer ces déracinés, ces errants malheureux, souvent fauteurs de désordre.

L'ampleur du peuplement grec en Asie semble considérable: après la mort d'Alexandre, les Grecs de Bactriane réussiront à constituer une armée de 20 000 fantassins et 3 000 cavaliers. Selon Plutarque, Alexandre aurait fondé plus de soixante-dix villes. On en connaît trente-quatre, dont vingt-cinq Alexandries. Leur site est toujours très bien choisi: certaines deviendront et demeurent encore de grands centres commerciaux. Nous ne savons pas grand-chose de leur constitution. Possédaient-elles, comme Alexandrie d'Égypte, une boulè , une ecclesia et des archontes? Leurs statuts étaient, semble-t-il, très divers. Le parchemin de Doura-Europos nous a conservé un fragment du code familial en vigueur: la loi de succession attesterait les droits du roi sur la terre de ces villes.

Le statut des villes grecque d'Asie Mineure, anciennes colonies de la métropole, n'est pas plus clair. Nous ignorons si Alexandre les a totalement "libérées" et si, alors, elles sont entrées dans la Ligue, ou s'il les a placées sous sa domination. La majorité des historiens incline à croire qu'elles ont été affranchies. Il n'en reste pas moins qu'Alexandre a supprimé (sauf très rares exceptions) les monnaies locales, et qu'il a parfois disposé de ces villes comme de bénéfices (par exemple, pour Phocion). Certes, elles ont été dispensées de tribut, n'ont jamais reçu de garnisons et on été soustraites à la juridiction des satrapes. En somme, elles semblent avoir joui d'un statut intermédiaire, d'une certaine autonomie. Cette colonisation de l'Asie par Alexandre l'a profondément hellénisée. Roi de Perse, enfin, et successeur de Darius, Alexandre réunit des pouvoirs composites

Le roi-dieu

Parfois, il est un simple suzerain: la Phénicie garde ses rois, la Judée ses grands prêtres. En Égypte, il est pharaon, roi-dieu, Horus vivant. En Mésopotamie, il est roi par la volonté du dieu Mardouk. Le feu qui brûle devant son image témoigne-t-il d'un culte rendu à sa personne ou à son seul génie? Quoi qu'il en soit, s'appuyant sur l'exemple de l'Orient, Alexandre a voulu être considéré et honoré comme un dieu par tous les sujets de son Empire.

Tarn a soulevé le problème de savoir si Alexandre s'était réellement cru dieu. Selon lui, c'est là une idée absurde, cette croyance étant, entre Héphaistion et le roi, un sujet banal de plaisanterie. Mais, convaincu de sa mission divine, il a cru qu'il était fils de dieu, et il a exigé qu'on le crût dieu. Il pensait avec juste raison que la reconnaissance universelle de sa divinité forgerait le lien moral transcendant indispensable à son Empire, et maintiendrait une trop fragile unité.

Mais, en se faisant diviniser, Alexandre a altéré la notion du pouvoir: le droit divin a supplanté le droit par la naissance et l'élection; Rome, et nos rois après elle, sauront tirer profit de cette innovation. Le costume du monarque reflète symboliquement la bigarrure de ses États: il porte la chlamyde et le bonnet rond et plat macédoniens, la tunique, le diadème et le manteau pourpre des Perses. Il vit dans la pompe; ceux qui l'approchent se prosternent devant lui.

Il est entouré d'une cour, dont le cérémonial est réglé selon l'étiquette perse; des hétaires ou amis, macédoniens, au nombre de plus de cent, l'accompagnent et le conseillent. Sept ou huit gardes du corps, eux aussi macédoniens: Héphestion (le grand vizir), Ptolémée, Lysimaque, etc.; des pages, nobles macédoniens de treize à quinze ans; des fonctionnaires: un officier de bouche (Ptolémée), un introducteur, un préposé aux tentes, aux tapis. Un chancelier (Eumène de Cardia, personnage remarquable) centralise la correspondance, règle les audiences du roi, rédige le journal quotidien de la cour, les "Éphémérides", conserve les deux sceaux de l'État, un macédonien pour l'Europe, un perse pour l'Asie. Ces traits seront ceux des cours helléniques.

L'unification de l'Empire

Cette politique prend appui sur une unification des méthodes de gouvernement, de l'armée, des finances et de l'économie. Au-delà de ces moyens, elle vise à l'unification religieuse et à la fusion des peuples de l'Empire. Quelle aurait été l'organisation définitive de l'Empire? Nous l'ignorons. Dans ce domaine, l'uvre d'Alexandre demeure inachevée. Tout de suite, il a renoncé à la polis , au cadre trop étroit, lui préférant la satrapie, qu'il trouvait sur place. Mais il a affaibli ce gouvernement: il a donné les pouvoirs civils à des Perses ou à des indigènes, les pouvoirs militaires et les finances à des stratèges et des fonctionnaires macédoniens. Cette division des pouvoirs a prévalu partout.

Toutefois, après la révolte des satrapes en 326-325, Alexandre n'a pas nommé de remplaçants aux postes vacants; il semble donc avoir renoncé à la satrapie: à sa mort, deux ou trois satrapes demeuraient en fonction. L'armée, pour sa part, se compose de 30 000 fantassins et de 4 500 cavaliers, Macédoniens, Grecs de la Ligue et mercenaires. Les Macédoniens forment le gros des forces. Ils constituent la cavalerie noble des hétairoi , commandée par l'hipparque, premier personnage après le roi, divisée en îlê de 150 hommes, l'îlê principale étant l'îlê basilikê; l'infanterie lourde: phalangistes, et l'infanterie légère: hypaspistes plus mobiles. Les troupes balkaniques sont représentées par les cavaliers thraces. Les confédérés grecs et les mercenaires peupleront les colonies d'Alexandre.

Cette armée initiale a été transformée. Sans craindre de mécontenter les Macédoniens, Alexandre a incorporé de plus en plus de Perses et d'Orientaux jusque dans la phalange et dans les hypaspistes; et il a créé une cavalerie de jeunes nobles perses, les Épigones , rivale des jeunes aristocrates macédoniens. Dans l'Inde, l'armée a complètement changé de nature: la présence de cavaliers bactriens et sogdiens, et celle des éléphants, en ont fait une véritable horde. Elle compte environ 100 000 personnes. Dans le domaine financier, Alexandre, après avoir mis en circulation les trésors de Darius en les monnayant, accomplit un effort d'unification considérable:
1. Jusqu'alors, la frappe était répartie entre les satrapes (frappe de l'argent) et le Grand Roi (frappe de l'or): l'or ayant perdu de sa valeur, Alexandre adopte le bimétallisme, se réserve le droit de battre monnaie et la frappe des deux métaux. Il avait créé, à la veille de la conquête, une monnaie royale. Très vite, il crée une monnaie unique, dite impériale: roi de Macédoine sur une face (parfois Héraklès), roi divin perse brandissant le foudre sur l'autre. Il décide d'adopter l'étalon attique. La drachme nouvelle se répand dans le monde entier. La monnaie d'Alexandre sera la plus appréciée du commerce mondial.
2. L'administration financière est centralisée à Babylone entre les mains d'un trésorier général, Harpale.

La politique financière d'Alexandre est à l'origine de l'essor économique et du progrès des échanges mondiaux. Alexandre, en effet, a voulu faire l'unité économique de son Empire. Il a tenté d'en réunir les différentes parties, par voie de terre en créant des routes, par mer en organisant des expéditions, tel le périple de Néarque, destinées à ouvrir de nouveaux débouchés au commerce grec. Il a fondé des ports aux endroits les plus favorables (à Pattala, à Alexandrie, à Babylone). Il a créé des villes sur les routes des caravanes, qu'utiliseront les Romains pour commercer avec l'Extrême-Orient: Alexandrie Eskhatê (Khodjent), Alexandrie d'Arie (Hérat), Alexandrie d'Arachosie (Kandahar), etc. Chacun de ses États fait l'objet de ses soins: grands travaux d'irrigation en Babylonie, projet d'assèchement du lac Copaïs en Béotie; introduction de plantes iraniennes en Grèce; en Macédoine, pour améliorer la race bovine locale, importation des plus belles espèces asiatiques. Mais Alexandre n'a pas, dans ce domaine, suivi Aristote et les Grecs: il a refusé de considérer les Perses comme des Barbares.

Le principe fondamental de sa politique a été de fondre en un seul les différents peuples de son Empire; les mariages massifs de Suse étaient destinés à créer une race nouvelle macédo-perse, à l'image du pouvoir alexandrin. Une telle politique s'appuyait-elle sur des idées neuves, sur une conception alors révolutionnaire de l'égalité et de la fraternité des hommes? Alexandre s'est-il élevé jusqu'à la notion de genre humain, précédant ainsi Zénon et saint Paul? Tarn a posé en 1931 ce passionnant problème qui divise encore les historiens. Les uns (Tarn, Bonnard) croient avec Plutarque qu'Alexandre voulait être le réconciliateur du monde entier, et organiser la communauté (konia ) du genre humain; il était convaincu que Dieu est le père de tous les hommes et que ceux-ci doivent vivre dans la concorde et dans la fraternité. Le contact avec les civilisations diverses, avec l'humanisme bouddhique en particulier, prêché à cette date précisément en Inde, et avec le brahmanisme, aurait inspiré à Alexandre ces hautes pensées.

Nous savons qu'il a connu et admiré les ascètes hindous et que l'un d'eux, Kalanya, suivit Alexandre jusqu'à sa mort qu'il choisit lui-même en construisant son bûcher avec l'approbation respectueuse du roi. Wilcken estime, au contraire, que rien ne permet de dépasser le discours d'Opis où Alexandre exprime simplement le vu de " concorde et de communauté du pouvoir " pour les peuples sur lesquels il règne: étendre cette pensée, l'universaliser en une conviction philosophique ou religieuse, est pure inférence et affaire d'opinion.

Les préférences d'Alexandre allaient à la religion grecque, qui s'accordait parfaitement avec ses vues politiques et se prêtait à l'assimilation des autres dieux. Alexandre a donc pu s'élever au-dessus des cultes nationaux, qu'il a respectés et favorisés partout. Il a comblé les temples orientaux de dons et les a restaurés. À Opis, il a fait officier ensemble les devins grecs et les mages perses. Il voulait, dit-on, construire un grand temple consacré au Soleil. Peut-être a-t-il rêvé d'une religion d'Empire; mais rien ne nous autorise à affirmer qu'il s'acheminait, avec les philosophes, vers la conception d'un Dieu unique, père de tous les hommes.

L'hellénisation de l'Empire

Dans les domaines intellectuel et artistique, enfin, l'unification de l'Empire s'est faite par la diffusion de la culture hellénique. Alexandre a introduit partout la culture grecque, jusqu'en Inde. Sans lui, à quelle date l'Inde aurait-elle connu une civilisation qui l'a si fortement influencée? L'action d'Alexandre a été décisive. Il a favorisé l'étude et la connaissance des langues.

Il a obligé l'aristocratie perse à apprendre le grec, et les Macédoniens les langues iraniennes. Sa politique de fusion des peuples, sa création de colonies, en rapprochant les hommes, favorisèrent l'apparition d'une langue commune, la koinè , moins pure que le grec classique, mais parlée dans l'Empire tout entier. Il a fait éduquer à la grecque 30 000 enfants iraniens.

À l'occasion de chacune de ses victoires, et dans tous les pays traversés, Alexandre a célébré de grands jeux de type grec, où les exercices gymniques s'accompagnaient de concours littéraires et musicaux, avec distribution de prix aux vainqueurs. La vie artistique et intellectuelle de l'Empire, au temps d'Alexandre, est purement grecque: savants, poètes, philosophes, peintres comme Apelle, sculpteurs comme Lysippe, ou architectes, tous sont Grecs. Cependant, l'art grec, comme la langue, s'est transformé au contact de l'Asie.

Dans les uvres nouvelles (à Babylone, à Louqsor), la richesse excessive de la décoration et le goût du colossal tendent à remplacer la mesure et la sobriété grecques. La tente d'audience du roi, à Suse, comprenait six édifices colossaux, sur le modèle de l'Adana perse. Le bûcher d'Héphaistion, édifié par l'architecte rhodien Dinocratès, aurait compté d'énormes tours; cet artiste voulait sculpter le buste d'Alexandre à même la montagne. Le roi aurait rêvé de construire pour son père un tombeau de la taille de la pyramide de Chéops. L'art hellénistique trouve ici, dès sa naissance, certains de ses principaux caractères originaux.

Peut-on dire qu'Alexandre ait pleinement réussi dans son entreprise impériale? Seule, sa personnalité maintenait l'unité de l'Empire; faute de structures politiques solides et d'un idéal commun aux divers peuples, cette construction se disloqua à la mort du roi. Mais l'idée d'un Empire universel soumis à un souverain absolu, dieu ou divinisé après sa mort, était née. Rome n'aura qu'à la reprendre pour étendre son pouvoir sur l'ensemble du monde connu. À tout le moins, la colonisation entreprise sous l'impulsion d'Alexandre dura.

Mais en fixant en Asie le petit peuple grec pauvre, elle a accentué gravement la dépopulation et l'affaiblissement de la Grèce, qui passera aisément sous la domination de Rome. L'Occident sera, à longue échéance, latinisé et non hellénisé. Et cette coupure en deux blocs de civilisation du monde méditerranéen aura des répercussions durables: l'unification et l'hellénisation de l'Orient, voulues par Alexandre, continuées par les monarchies hellénistiques, y ont permis et favorisé les progrès et le succès rapide du christianisme. L'Occident au contraire, intouché et morcelé, offrira une plus longue résistance.

Le mythe d'Alexandre

La personnalité d'Alexandre le Grand représente une énigme que chaque génération s'est efforcée de déchiffrer à la lumière de ses propres expériences. On a vu en lui tour à tour un précurseur de Hitler et de Staline, un prophète de la fraternité universelle et de l'harmonie raciale : ces interprétations modernes et souvent contradictoires ne font que refléter la diversité des jugements suscités par le conquérant de son vivant. Sa générosité, sa capacité de travail quasiment illimitée faisaient l'admiration de tous ceux qui l'approchaient. Esprit curieux et ouvert à toutes les expériences, il fut cependant soupçonné de s'adonner aux moeurs "orientales", ce qui ne manqua pas d'alimenter maintes histoires scandaleuses sur son compte. Certains prétendent même qu'il faut voir là l'une des causes de la folie dans laquelle il aurait sombré vers la fin de sa vie, et citent en exemple le meurtre de certains de ses amis les plus proches pour des motifs futiles. Tout le monde admet que la fin de son règne fut marquée par un exercice du pouvoir arbitraire et souvent tyrannique.

La conquête de Bucéphale, apparenté aux monstres mangeurs d'hommes de la mythologie grecque, est le premier exploit du jeune héros.

Alexandre atteignit l'âge de quinze ans et il passa un jour par hasard dans le lieu où le cheval Bucéphale se trouvait enfermé, il entendit in hennissement de terrible. Tourné vers ses serviteurs, il leur demanda : "Quel est ce hennissement de cheval?" Ptolémée, le général, dit : "Sire, c'est le cheval Bucéphale que ton père a fait enfermer parce qu'il se nourrit de chair humaine." Or le cheval, en entendant la conversation, hennit une seconde fois, et non pas de manière effrayante comme il l'avait toujours fait, mais doucement et mélodieusement, comme dompté par un dieu. Puis, lorsqu'Alexandre s'approcha de sa cage, aussitôt le cheval lui tendit ses membres antérieurs et lui offrit sa langue, désignant son vrai maître. Alors Alexandre, quand il eut contemplé l'aspect merveilleux du cheval et les restes [humains] qui s'étalaient à ses pieds, écartant du coude les gardiens du cheval, ouvrit sa cage, et en le saisissant à l'encolure, l'enfourcha sans rênes et chevaucha à travers la ville de Pella. Un des palefreniers vint annoncer l'événement au roi Philippe [qui] se porta aussitôt au-devant d'Alexandre et l'embrassa en lui disant : "Salut, Alexandre, maître du monde!"

Grâce à sa valeur, Alexandre apparaît également dans l'anecdote légendaire du "Roman d'Alexandre" comme un roi d'une dignité particulière, que Darius mourant consacre comme son successeur.

Et Alexandre vint auprès du roi Darius qu'il trouva à l'agonie, et après lui avoir élevé une émouvante lamentation funèbre, il se mit à verser des larmes sur lui, et, de sa chlamyde, il recouvrit le corps de Darius, puis il prononça sur lui ces mots pleins de pitié : "Relève-toi, roi Darius, règne sur la terre, redeviens maître de tes gens, reprends ton diadème, gouverne la multitude perse, conserve la majesté de ton pouvoir. Qui sont ceux qui t'on frappé? Dénonce-les moi, afin que des maintenant je te procure réparation?."

A ces mots d'Alexandre, Darius gémit, tendit les mains, attira à lui Alexandre et lui dit: "Roi Alexandre, ne t'attache jamais à la gloire du pouvoir. Tu vois qui j'étais et qui je suis devenu. Quand je serai mort, Alexandre, ensevelis-moi, de tes mains. Rendez-moi ensemble, Perses et Macédoniens, les derniers honneurs, et qu'un lien de parenté unisse Darius et Alexandre; je te confie ma mère comme si c'était la tienne, et ma femme, prends-la en pitié comme si elle était de ton sang. Quant à ma fille Roxane, je te la donne pour femme, afin que vous laissiez à l'éternité le souvenir de votre descendance."

Voulant confondre ceux qu'il juge responsables de la rébellion des Indiens, Alexandre leur propose des énigmes redoutables.

Il leur posa des questions insolubles, en les avertissant qu'il ferait mourir le premier qui aurait mal répondu, et les autres à la suite; comme juge, il désigna le plus vieux. Il demanda au premier quels étaient à son avis les plus nombreux, des vivants ou des morts: "Les vivants, répondit-il, puisque les morts ne sont plus." Au second, il demanda si c'est la terre ou la mer qui produit les plus gros animaux; il répondit: "La terre, car la mer n'en est qu'une partie." Au troisième, quel est l'animal le plus rusé; la réponse fut: "Celui que l'homme ne connaît pas encore." Il demanda au quatrième pourquoi il avait poussé Sabbas [Saba] à la révolte: "Pour qu'il vécût noblement, ou qu'il mourût noblement." Le cinquième, intérrogé sur l'ancienneté relative du jour et de la nuit, répondit: "Le jour est le plus ancien, d'un jour seulement.' Passant au sixième, Alexandre lui demanda comment l'on se fait le mieux aimer: "En étant le plus puissant sans se faire craindre." Des trois derniers, le premier fut prié de dire comment d'homme on devient dieu: "En faisant, dit-il, ce qu'il est impossible à l'homme de faire." Le suivant, interrogé sur la question de savoir laquelle est la plus forte, de la vie ou de la mort, répondit: "C'est la vie, parce qu'elle est capable de supporter tant de maux!" Enfin au dernier, il demanda quand il est bon à l'homme de vivre: "Tant qu'il ne croit pas la mort préférable à la vie." Alors, se tournant vers le juge, Alexandre lui ordonna de prononcer la sentence; il déclara qu'ils avaient tous répondu plus mal les uns que les autres. "Eh bien, dit Alexandre; c'est toi qui mourras le premier pour ce beau jugement. - Non pas, roi, répondt-il, à moins que tu n'aies menti quand tu disais que tu mettras à mort celui qui aurait la plus mauvaise réponse."

Le pèlerinage à l'oasis de Siwa, raconté ici par Diodore, ne laisse pas de doute sur la croyance d'Alexandre en sa filiation divine.

Alexandre fut introduit par les prêtres à l'intérieur du temple et se recueillit devant le dieu. Le prophète, un vieillard, s'avança alors vers lui. "Salut, dit-il, ô mon fils! Et reçois cette salutation comme venant de dieu." Alexandre prit la parole et dit : "Oui, j'accepte ton oracle, ô mon Père. A l'avenir, on m'appellera ton Fils. Mais me donnes-tu l'empire de la terre entière?" Le prêtre s'avança alors vers l'enceinte sacrée et les porteurs du dieu s'ébranlèrent. Par certains signes convenus, le Prophète proclama alors que le dieu lui accordait fermement ce qu'il demandait, Alexandre reprit la parole. "O divinité, dit-il, révèle-moi le reste de ce que je cherche : ai-je désormais châtié tous les meurtriers de mon père, ou quelques-uns sont-ils demeurés cachés?" Le Prophète s'écria : "Silence! Il n'existe pas, l'homme qui pourra formenter un complot contre Celui qui t'a engendré! Tous les assassins de Philippe ont été châtiés. L'heureux succès de tes entreprises prouve que tu es né du dieu. Par le passé, tu étais invaincu. Tu seras désormais, à tout jamais, invincible!"

FAMILLE D'ALEXANDRE

ROXANE
(morte en ~ 311)

Dernière femme d'Alexandre

Fille du chef Bactrien Oxiartès, satrape de Bactriane, elle fut prise par les Grecs (327) après la prise du roc de sogdiane. Elle devint la femme d'Alexandre le Grand (328). Enceinte à la mort du conquérant, elle mit au monde trois mois plus tard un fils, Alexandre IV Aigos (323), qu'elle fit reconnaître pour héritier au trône et qui fut emmené en Macédoine par Antipater.

Après la mort de ce dernier, elle s'allia avec Polyperchon et Olympias, mais fut prise avec son fils dans Pydna par Cassandre, qui les fit mettre à mort tous les deux.

Philippe II (de Macédoine)
(382-336 av. J.-C.)

Roi de Macédoine (359-336 av. J.-C.)

Plus jeune fils d'Amyntas II, né à Pella. Otage à Thèbes durant son adolescence, Philippe observa les pratiques politiques et militaires de la cité qui était alors la puissance dominante en Grèce. Revenu en Macédoine, il fut nommé régent de son très jeune neveu Amyntas en 359 av. J.-C. et ne tarda pas à s'emparer du trône. Il réorganisa alors l'armée macédonnienne sur le modèle des phalanges thébaines et, en moins de deux ans, avait assuré la sécurité de son royaume et renforcé la mainmise sur le trône.

Dès lors, il s'attacha à mener une politique de conquêtes territoriales. En 357 av. J.-C., il s'empara de la colonie athénienne d'Amphipolis en Thrace, devenant maître des mines d'or du mont Pangée, ce qui lui permit de financer les guerres suivantes. En 356, il prit Potidée en Chalcidique et Pydna sur le golfe Thermaïque, puis, en 354, conquit Méthone et s'avança en Thessalie. En 352, il avait atteint le défilé des Thermopyles. Il inspira au grand orateur athénien Démosthène les Philippiques, une série de discours dénonçant la menace que la Macédoine représentait pour la liberté des Grecs, dont le premier fut prononcé en 351.

En 348, Philippe avait conquis la Thrace et la Chalcidique. Deux ans plus tard, il fit la paix avec Athènes alors en guerre contre lui pour défendre son alliée, la ville d'Olynthe en Chalcidique. À la demande des Thébains, Philippe intervint dans la troisième guerre sacrée (338-339) contre les Locriens de Phocide, région qu'il mit à sac. Les Athéniens, poussés par Démosthène, et les Thébains s'unirent ensuite contre lui, mais leur armée fut complètement écrasée en 338 à Chéronée.

La victoire de Philippe de Macédoine fit de lui le maître incontesté de la Grèce : en 337, toutes les cités grecques, excepté Sparte, se réunirent à Corinthe, reconnurent la suprématie de la Macédoine et conclurent une alliance panhellénique sous son autorité. Deux ans plus tard, alors qu'il avait reçu les pleins pouvoirs de la Ligue de Corinthe pour mener la guerre contre la Perse et qu'il préparait son expédition, il fut assassiné, vraisemblablement à l'instigation de sa première épouse Olympias.

Considéré comme le plus grand homme d'État et le plus grand général de son époque, Philippe de Macédoine posa les bases de la puissance militaire macédonienne utilisée par son fils Alexandre le Gran

d pour conquérir et helléniser le Moyen-Orient. Une tombe remplie de trésors qui pourrait être la sienne a été découverte à Vergina, près de Thessalonique, en 1977.

OLYMPIAS
(~ 375 env.- Pydna ~ 316)

reine de Macédoine

Fille de Néoptolème, roi d'Épire, Olympias épouse en ~ 359 Philippe II de Macédoine, dont elle a un fils, le futur Alexandre le Grand, en ~ 356.

Acariâtre, autoritaire et ambitieuse, elle fut répudiée par Philippe, qui épousa Cléopâtre (~ 337). Elle se retira alors auprès de son père, fut sans doute l'instigatrice de l'assassinat de Philippe (~ 336), et, après la mort de celui-ci, elle fit mettre à mort Cléopâtre et l'enfant de celle-ci.

Pendant les campagnes d'Alexandre, elle s'oppose violemment au régent de Macédoine, Antipatros, et doit s'exiler de nouveau en Épire (~ 331), qu'elle gouverne au nom d'un de ses petits-fils, sans cesser d'intriguer contre Antipatros.

Après la mort de ce dernier (~ 319), le successeur qu'il s'était donné, Polyperchon, la fait revenir en Macédoine pour

Publié dans CINEMA

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